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dimanche 20 décembre 2009

Surice 2009

Certains d'entre vous le connaissaient, voici le texte que j'ai défendu hier à Surice. Si je n'ai pas gagné, ce texte m'a prouvé deux choses, je suis capable de raconter une histoire "calme" et de conter assis. Deux belles révélations !

Entre crochets [ ], les indications scéniques que je me suis imposées.


JUSTE UN PEU DE TERRE


Emma vient de poser son balai contre le mur, elle est face à la fenêtre de l'atelier. [gros soupir]

Emma serre les poings pour retenir ses larmes. Paul, son mari, est mort dans un accident et elle est triste, infiniment triste. Et ce chagrin, il engendre l'ennui, le manque d'appétit, le désintérêt, le désamour.

Pourtant, Emma a décidé de gagner un peu d'argent en louant quelques pièces de sa grande maison pour des stages artistiques.

Ce matin, des enfants vont travailler la terre, d'autres vont faire de la peinture ou confectionner des marionnettes ou des masques.

Tout est prêt. Emma a pressé les oranges et elle vérifie le plateau de biscuits faits maison qu'on distribuera vers dix heures en guise de collation.

Il y a bientôt des voix et des cris d'enfants un peu partout.

Emma regagne son living ferme la porte et s'assied face à la photo de Paul. [je m'assieds] Elle n'arrive même plus à se souvenir précisément de sa voix. Les seules choses dont elle se souvient, c'est le bleu myosotis de ses yeux et la douceur de sa main quand il la caressait.

La journée terminée, Emma range un peu, passe un chiffon sur les tables, vide les poubelles et jette un regard furtif aux œuvres commencées.

Elle remarque deux ou trois petites figurines maladroitement sculptées. Juste à côté, un grand sac plastique avec de la terre à modeler presque blanche. Elle en prend une poignée et elle laisse faire ses mains.

Le jour est tombé et seul un mince rayon de lune éclaire encore un peu la pièce. Emma regarde son œuvre. C'est Paul qui est là, face à elle. Elle a su rendre des détails qui ne trompent pas : son éternelle mèche de cheveux sur le front, son sourire et son regard.

Elle prend son œuvre, la pose sur la table de sa chambre et va se coucher pour passer une nuit paisible comme elle n'en avait plus passé depuis l'accident de Paul.

Le matin, Emma se réveille et est accueillie par un : "Bonjour, ma belle…" Le bras de la statuette s'est soulevé et, dans un geste familier, Paul a remis en place une mèche toujours rebelle.

"Paul ?"

Emma a crié mais lui, il ne répond plus, il ne bouge plus.

Le soleil est de retour. Plusieurs fois Emma montera dans sa chambre pour voir la petite figurine qui demeure immobile et muette.

Quand tout le monde est parti…

"Bonjour ma belle…" et il passe la main dans les cheveux.

Emma dit juste : "Pourquoi ?"

"La solitude n'est pas bonne, ma belle… Voici venu le temps des souvenirs… Reprends ton travail. Tu seras plus utile à l'école qu'ici. La vie continue. N'aie crainte, je veillerai sur toi, ma belle !"

Depuis ce jour-là, Paul n'a plus rien dit…

En septembre, Emma a repris son travail à l'école. Elle a décidé de terminer les travaux entrepris avec Paul pour aménager deux chambres d'hôte. Quand elle lui en a parlé, il n'a rien dit. Il a simplement souri. Un de ces sourires qui donnent du cœur à l'ouvrage…

1 commentaire:

carine-laure a dit…

A lire ce conte, j'ai envie d'en écrire...c'est si joli, à coups "d'abracadabras", tout devient possible et l'irréel nous secoue et nous fait avancer...
Carine-Laure Desguin